Eric Ciotti : « Tout est encore possible pour le 2nd tour »
Malgré des sondages en berne, le finaliste de la primaire LR veut croire que Valérie Pécresse peut l’emporter. Il fustige la Macronie et ses « nouveaux convertis » – Christian Estrosi en tête.
Eric Ciotti veut mettre une droite au défaitisme. À rebours de ceux qui, dans son propre camp, considèrent que les carottes sont cuites, le député maralpin défend mordicus les chances de la candidate LR. Ulcéré par le « Pécresse bashing », indigné par la « trahison » de ses anciens amis azuréens, il règle ses comptes en jurant ne servir qu’une cause : celle de la France.
Emmanuel Macron souhaite fusionner Département et Métropole. Dans cette proposition, voyez-vous l’influence de Christian Estrosi ?
Bien sûr ! Nous savons que c’est l’une des demandes du maire de Nice. Pas pour servir l’intérêt général, mais pour tenter de mettre au pas des élus qui ne lui sont pas soumis. Il avait initié la même démarche en 2018, mais avait dû renoncer : l’immense majorité des maires des Alpes-Maritimes s’était élevée contre cette profonde ingérence.
Les élus locaux semblent plus partagés aujourd’hui…
Pour les nouveaux convertis au macronisme, on a le sentiment que tout peut se vendre ou s’acheter. Juridiquement, je ne vois pas comment on peut rayer d’un trait de plume une institution dont l’existence est inscrite dans notre Constitution. Tout cela relève de la basse politique politicienne. Sur le fond, j’invite chacun à comparer les bilans du Département et de la Métropole Nice Côte d’Azur : alors que notre gestion rigoureuse a permis de baisser la fiscalité de 15 %, celle de la Métropole a augmenté d’autant !
N’aviez-vous pas, vous-même, proposé de simplifier le « millefeuille » administratif ? Vous ne vouliez que deux échelons : la commune et la province…
Je souhaitais une réforme ambitieuse pour l’ensemble du territoire national, pas pour satisfaire l’ego démesuré d’un seul élu ! Mon projet visait à fusionner les départements, les régions et les métropoles au sein de provinces un peu plus vastes que les départements actuels.
La candidate LR dit que le programme de Macron est un « copié-collé » du sien. Dans ce cas, pourquoi ne pas voter pour le Président sortant ?
Valérie Pécresse a souligné le manque d’originalité du projet d’Emmanuel Macron. Les seules mesures nouvelles qu’il annonce sont celles que nous avions déjà proposées, comme la retraite à 65 ans. Pour le reste, je ne vois aucune initiative courageuse pour lutter contre l’insécurité et la montée de l’islamisme. On reste dans le flou.
Emmanuel Macron demandera aux collectivités un effort de 10 milliards d’euros pour redresser les finances publiques. Qu’en pensez-vous ?
En dix ans, Hollande et Macron ont augmenté la dette de 1 000 milliards. Les dépenses de l’État ont explosé, alors que nos services publics sont de moins en moins efficaces. Et les seules mesures d’économie qu’il propose, c’est pour les autres !
Le premier grand meeting azuréen pour le candidat Macron a eu lieu mercredi soir. Lorsque vous voyez à l’affiche Edouard Philippe, Renaud Muselier, Christian Estrosi et Hubert Falco, vous n’avez pas l’impression que votre parti a raté quelque chose ?
J’ai surtout un profond sentiment de tristesse, voire de dégoût, en voyant Christophe Castaner, le pire ministre de l’Intérieur de la Ve République, et Olivier Véran, piètre ministre de la Santé, sur la même tribune que Christian Estrosi ! Hubert Falco et Renaud Muselier, qui étaient absents, ont sans doute refusé de se prêter à cette mascarade.
Valérie Pécresse est désormais donnée à la cinquième place dans les sondages. Vous croyez encore en ses chances ?
Si l’on peut considérer que la qualification de Macron est acquise, la question de savoir qui l’affrontera au second tour reste ouverte. Tout est encore possible pour Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. L’écart le plus faible entre ces candidats n’est que de trois points. Moi, je me bats, comme je l’ai toujours fait, pour faire gagner la candidate qui peut battre Macron au second tour. Dans une période comme celle-là, il faut avancer et ne pas trop se poser de questions.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans cette campagne ?
[Il sourit] Dans un mois, nous aurons le loisir de tirer toutes les conclusions de ce qui s’est passé. Pour l’instant, nous devons expliquer notre projet qui est le plus sérieux, porté par l’équipe la plus compétente.Il n’y a aura pas de meeting LR à Nice? C’est une première…
Valérie Pécresse se rendra à Nice entre les deux tours. Elle est venue plusieurs fois dans les Alpes-Maritimes, notamment au Cannet-Rocheville où l’attendaient 3 000 personnes. Le 1er avril, nous serons dans le Var à Saint-Raphaël.
Avez-vous le sentiment que votre sensibilité politique est bien représentée dans la campagne de Valérie Pécresse ?
Oui, je le crois. Mon succès à la primaire montre que les Français aspirent à la politique que je défends. Le moment est venu pour que notre pays soit enfin dirigé par une équipe de droite forte et assumée. Je ne me résous ni au déclassement, ni au déclin : la France a un avenir si on ose une politique de rupture.
Eric Zemmour reprend sur ses affiches votre slogan de campagne : « Pour que la France reste la France. » Qu’est-ce que cela vous inspire ?
J’ai vu que cela soulevait quelques polémiques assez ridicules. Renaud Muselier a été heurté ? J’ai envie de poser la question à l’envers : est-ce que beaucoup de Français souhaitent que la France ne reste pas la France? Ce slogan est au cœur de ce que je crois.
Dans le cas d’un second tour entre Macron et Zemmour, vous voterez Zemmour. Et si Jean-Luc Mélenchon est qualifié ?
Je ne pourrais concevoir une seule seconde que la France soit dirigée par quelqu’un d’extrême gauche. Je m’opposerais fermement à cette élection.
Pensez-vous que votre parti pourrait survivre à une déroute électorale ?
Pour moi, ce qui compte d’abord, c’est mon pays. Pour servir la France, nous avons besoin d’une formation politique qui assume clairement son positionnement à droite. Je me situerai toujours dans ce cadre.
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