Gérard Larcher : « Le Sénat, c’est une voix différente »
Alors que s’achèvent les travaux législatifs, le président du Sénat Gérard Larcher revendique « une voix différente », déconnectée de l’échéance présidentielle et non « alignée ».
Vous avez posé le Sénat, dominé par la droite, en contre-pouvoir face à Emmanuel Macron. A-t-il tenu ce rôle ?
Le principe du bicamérisme donne à notre assemblée un temps différent du quinquennat et nous ne sommes pas la réplique sismique de l’élection présidentielle. Nous ne sommes pas anti-pouvoir, mais nous sommes une assemblée exigeante sur la question des libertés, sur le respect de la Constitution dans l’équilibre Parlement et exécutif. Par exemple, pendant la crise sanitaire, nous avons accompagné bon nombre de décisions, qu’elles soient à caractère sanitaire ou en soutien à l’économie. Le Sénat, c’est aussi le pouvoir constitutionnel. Il a des responsabilités, non pas de bloquer, mais d’essayer de faire des choses qui ne soient pas uniquement la pulsion du moment. On pourra nous en remercier demain notamment sur le dernier projet de révision (pour inscrire le climat dans la Constitution par référendum). Et puis il y a la fonction de contrôle. La plus célèbre de la période c’est bien sûr la commission d’enquête Benalla, mais c’est aussi la sécurité des ponts, Lubrizol, et actuellement la commission d’enquête sur l’hôpital ou encore celle sur la concentration des médias. Voilà comment je vois le Sénat aujourd’hui, c’est une voix différente.
Les prochaines élections peuvent-elles avoir un impact indirect sur l’équilibre politique du Sénat ?
Je crois à la solidité de la majorité sénatoriale. Elle est dans la diversité, solide, unie, et au fond elle n’oscille pas comme ça au gré des alternances liées à l’élection du président de la République et des législatives. Il est possible que quelques-uns, à un moment, se recomposent… Mais au sein des groupes Les Républicains ou centriste, je ne note aujourd’hui aucun départ vers Horizons. Je souhaite la victoire de Valérie Pécresse. Le Sénat gardera son rôle de contre-pouvoir comme il l’a été sous Nicolas Sarkozy. Donc il ne faut pas s’attendre à un Sénat aligné sur quiconque.
Le prochain quinquennat devra-t-il lancer une révision constitutionnelle ?
Valérie Pécresse l’a annoncé. Un certain nombre de mesures à caractère régalien, notamment soumettre au Parlement les politiques de quotas migratoires, nécessiteront une révision constitutionnelle. Ou pour approfondir la décentralisation avec l’autonomie financière des collectivités territoriales. En même temps, il faudra voir comment on approfondit l’exercice de la démocratie. On est bien conscient que la démocratie issue de la représentation reste un élément fondamental, mais qu’il va falloir réfléchir.
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