Synthèse des contributions des militants de la Fédération UMP du Morbihan
Au début de cet été, le comité départemental du Morbihan, devant les incompréhensions voire le désarroi d’un certain nombre de ses membres après les affaires ayant affecté la direction de notre mouvement, a décidé l’organisation d’une vaste consultation des militants morbihannais.
Celle-ci a pris la forme de réunions de circonscriptions qui se sont tenues durant le mois de juillet et ont donné lieu à des synthèses faites par les délégués de circonscription ou les chargés de mission, et de communications directes au président et au secrétaire départemental. Les thèmes d’intervention étaient totalement libres.
Une première constatation: le besoin de s’exprimer et d’être entendu est considérable. Les militants se sentent coupés des instances nationales pour ne pas dire ignorés par elles. Ils critiquent le déficit de réunions locales, notamment dans certaines circonscriptions.
Deuxième constatation: l’attachement à l’UMP est fort et résiste aux soubresauts qui ont agité notre mouvement depuis 2012. Les militants veulent des changements au sein de l’UMP mais aiment leur parti, la plupart ne souhaitant pas de changement de nom.
Troisième constatation: à propos du projet de l’UMP, sur lequel beaucoup se sont exprimés, les militants demandent de la netteté, de la fermeté, et se retrouvent très largement sur la plupart des grands sujets. Il y a bien, et c’est extrêmement réconfortant, un ensemble de valeurs et de convictions communes aux membres de l’UMP. Ce “corps de doctrine” se distingue bien sûr fondamentalement de la gauche mais aussi du Front national.
On peut donc dire que l’UMP vit, aspire certes à une meilleure organisation interne et porte des idées fortes qui lui sont propres. C’est sans doute la seule formation politique française à pouvoir revendiquer un socle aussi solide.
Plus précisément, et en matière d’organisation, la transparence et la bonne gestion constituent une revendication élémentaire de nos militants. Le siège fait l’objet de critiques vives : trop de monde, organigrammes incompréhensibles, salaires indécents …
Son fonctionnement est considéré comme défectueux: impossibilité d’obtenir des informations au téléphone, retards dans la prise en compte du versement des cotisations, peu d’envoi de documentation aux fédérations et aux circonscriptions. A contrario, envoi d’affiches et de tracts sans utilité à certains moments. Bref, un reprise en main par des gens efficaces et pragmatiques ( et évidemment moralement irréprochables) s’impose.
Une deuxième série de revendications porte sur la répartition des pouvoirs entre le siège et les fédérations départementales. Les militants veulent décider par eux-mêmes, au sein des fédérations, des investitures, des désignations (secrétaire départemental …). La mise en place d’une strate régionale pour l’organisation de l’UMP est suggérée. Ils souhaitent aussi plus d’autonomie financière et de contrôle des cotisations. Il est suggéré, par certains, la mise en place au niveau national d’un comité des dépenses chargé d’évaluer l’opportunité des engagements financiers du mouvement. Localement, ils exigent des réunions régulières dans toutes les circonscriptions.
La place des femmes dans les différentes instances dirigeantes est jugée insuffisante.
Un certain nombre de comportements sont évidemment très critiqués, comme les querelles personnelles, les règlements de comptes médiatiques et l’instrumentalisation du parti.
S’agissant du projet de l’UMP, deux lignes directrices se retrouvent dans la plupart des contributions: plus de liberté pour les entreprises, plus d’autorité dans les fonctions régaliennes de l’Etat.
L’allègement des charges fiscales et sociales des entreprises est vu comme une des conditions de la relance de l’économie, de même que la simplification du droit du travail et des réglementations de tous ordres est nécessaire pour la création d’emplois. La suppression pure et simple des 35 heures est réclamée.
En matière de justice, le rétablissement des peines planchers, l’abrogation de la loi Taubira sont très largement évoqués. Certains souhaiteraient interdire aux magistrats de se syndiquer, à l’instar des militaires. En ce qui concerne l’immigration, le durcissement des conditions du regroupement familial et l’expulsion systématique des étrangers en situation irrégulière sont les mesures le plus fréquemment évoquées. La déchéance de la nationalité française est exigée pour les bi-nationaux combattants par exemple en Syrie.
De la même façon, les droits sociaux ne doivent être reconnus qu’aux seuls immigrés en situation régulière et l’aide médicale d’Etat réservée aux cas d’urgence.
Le rétablissement des comptes publics est vu comme une nécessité qui impose, par exemple d’être plus rigoureux dans la gestion de l’assurance-maladie, notamment dans les hôpitaux, de fixer pour tous un délai de carence de trois jours, etc.
La politique de l’actuel gouvernement dans le domaine du logement fait l’objet de vives critiques et, évidemment, l’abrogation de la loi allur est une nécessité. Mais la multiplication des normes qui grèvent le coût de la construction est désignée comme un des facteurs de la crise du logement. Il convient aussi de revenir sur les règles imposant uniformément des quotas de logements sociaux sur l’ensemble du territoire.
L’éducation est évidemment un sujet majeur dans plusieurs contributions qui incitent, d’une part à une décentralisation régionale de l’action publique dans ce domaine et, d’autre part, à une autonomie aussi large que possible pour les responsables d’établissements scolaires.
L’Europe ne fait l’objet d’aucun rejet de principe- des propositions sont même émises concernant le renforcement de ses institutions, comme l’élection au suffrage universel direct d’un président. Mais le respect d’un certain nombre de règles et de principes est exigé : la révision des accords de Schengen jugés trop laxistes, le refus de la libre circulation pour certains ressortissants de l’Europe de l’est… L’entrée de la Turquie dans l’Union n’est pas acceptée, ce qui n’exclut pas des accords économiques privilégiés. Des avancées de l’Europe de la Défense sont souhaitées.
Enfin, en matière institutionnelle, le vœu est émis de voir de nouvelles règles posées telles de strictes limites au cumul des mandats, au nombre de mandats successifs. Certains évoquent le retour au septennat pour le mandat du Président de la République. Les privilèges de certains élus ne sont plus admis : privilèges fiscaux des parlementaires, privilèges des élus conservant leur statut de fonctionnaire. La suggestion est faite de diviser par deux le nombre de députés et de sénateurs.
En définitive, ces différentes réunions de libre expression et les textes rédigés par plusieurs militants renvoient l’image de militants responsables, ayant une vision claire des problèmes de l’UMP et proposant des orientations de bon sens pour les résoudre. Leur approche des grands sujets nationaux est également lucide et dessine l’esquisse, bien sur incomplète à ce stade, d’un projet solide et cohérent pour notre mouvement. Nous pouvons en tirer la conclusion qu’il n’y a aucun inconvénient à écouter davantage les militants et à rééquilibrer les pouvoirs respectifs du siège et des fédérations!
Et répétons-le, malgré les critiques acerbes dont l’UMP fait régulièrement l’objet dans les médias, notre mouvement ne connaît ni le grand écart idéologique du PS, ni les délires obsessionnels qui sévissent chez les militants du Front national.
Si comme chacun le souhaite l’élection de novembre se déroule sans anicroche et si les réformes nécessaires sont adoptées dans l’organisation interne, l’UMP sera le grand parti de la droite et du centre au sein duquel se préparera l’alternance oh combien nécessaire de 2017 … ou d’avant!
Cette synthèse a été soumise à l’examen des membres du comité départemental lors de sa réunion du 25 septembre 2014. Des échanges denses et très ouverts ont permis de s’accorder sur ce texte, étant entendu que l’engagement sur les valeurs doit naturellement se conjuguer avec une détermination sans faille pour agir et réussir.
Le comité départemental a donné mandat à son président de le transmettre aux candidats à l’élection pour la présidence de l’UMP.
François GOULARD
Président de l’UMP 56